Chaque année, les majestueux flamants roses reviennent nicher dans les lagunes du delta de l’Èbre, en Catalogne. Pourtant, la saison 2025 s’est soldée par un échec partiel : malgré la présence de 1 510 couples dans les salines de Trinitat, à La Ràpita, seulement 312 poussins ont survécu, selon les données publiées par le gouvernement catalan. En moyenne, cela représente 0,21 poussin par couple, soit bien en dessous du taux habituel de 0,51.
Les principales causes de cette baisse de productivité sont identifiées : une prédation intense, notamment par les goélands argentés et les renards, a ravagé les premières semaines de vie des jeunes flamants. Le phénomène a été si marqué qu’il a empêché le déroulement de l’opération annuelle de baguage scientifique, faute de poussins suffisamment développés.
Depuis 1992, le delta de l’Èbre s’est imposé comme un site majeur de reproduction pour les flamants roses, le seul en Catalogne et l’un des rares autour de la Méditerranée. La colonie y a connu une croissance importante, avec un pic historique de 4 303 couples en 2020. Mais cette population reste soumise à de fortes variations. Entre 2013 et 2016 déjà, les couvées avaient été lourdement affectées par la prédation.
Le triste scénario de 2025 remet en lumière la fragilité de cet équilibre. Bien que le site bénéficie d’un statut de protection en tant que parc naturel, les menaces, naturelles ou liées à l’activité humaine, pèsent lourdement sur cette espèce emblématique.
Le baguage des poussins est une étape cruciale dans le suivi des flamants roses. Chaque été, les jeunes sont équipés d’un anneau métallique leur permettant d’être identifiés et suivis au fil de leurs migrations. Grâce à ce programme, lancé il y a plus de 30 ans, plus de 5 000 individus ont été bagués dans le delta de l’Èbre, donnant lieu à plus de 27 000 observations à travers 17 pays, du Portugal à Israël, du Sénégal à la France.
Mais cette année, l’opération a dû être annulée : trop peu de jeunes avaient atteint la taille requise. Une absence de données qui prive les scientifiques d’un précieux outil de suivi dans un contexte de changements climatiques et de pression croissante sur les zones humides.