On croyait, dans notre candeur bucolique, que promouvoir le bio relevait d’une mission simple, parler d’agriculture sans pesticides. Ah, douce naïveté, c’était sans compter sur les truffiers de Libération, toujours prêts à lever le couvercle des cocottes suspectes. Grâce à eux, une fois n’est pas coutume, on découvre que pour l’agence de pub chargée du nouveau spot télé de l’Agence Bio, incarner le bio, c’est surtout mijoter une belle tambouille multiculturelle, casting bien dosé, ambiance carte postale, et à la louche, un plat « ouvert sur le monde ». Premier choix : le couscous.
Sauf que voilà, le ministère de l’Agriculture, qui n’a pas encore totalement renoncé à l’idée de terroir, a préféré surveiller non pas le grain de semoule, mais celui de tradition. Dans un sursaut de lucidité gastronomico-politique, les services ministériels ont proposé de troquer le couscous familial contre un cassoulet bien de chez nous. Pas n’importe lequel, au canard, fumant, enraciné, généreux comme une cheminée béarnaise en plein mois de janvier. Un plat de patrimoine, une marmite de fierté.
Et là, drame, tollé, haut-le-cœur progressiste. Remplacer un plat maghrébin par une spécialité du Sud-Ouest ? Blasphème, atteinte à la diversité, crime couscousophobe. Pourtant, on oublie un peu vite que défendre le bio, en France, c’est aussi, et surtout, défendre les filières agricoles locales. Et un cassoulet de canard, bio ou pas, c’est du solide, du nourrissant, du national. Sans rancune pour la semoule.
Le plus savoureux, dans cette histoire, reste sans doute le zèle un brin amateur de l’agence de com’, persuadée qu’un plat « global friendly », une famille façon pub Benetton et deux éclats de rire enfantins suffiraient à résumer l’agriculture biologique française. Manque de chance, le bio, ce n’est pas un cliché de banque d’images, c’est de la terre sous les ongles, des marchés de producteurs, des recettes mijotées, et parfois, une bonne dose de confit de canard dans une cocotte en fonte.
Pris au dépourvu, les communicants ont gardé leur casting, probablement par prudence ou par peur de réveiller un autre volcan, mais le plat, lui, a été changé. Et le ministère ne s’en cache pas, « il fallait équilibrer la représentation des productions locales ». En clair, remettre un peu de France dans le bio.
L’Agence Bio, quant à elle, n’a pas soufflé mot, gêne passagère, reflux idéologique ? Difficile à dire. Toujours est-il que si sauver la planète passe par moins de pesticides, ce ne sera certainement pas en sacrifiant ce qui mijote doucement depuis des siècles dans nos marmites.
Bon appétit, et merci, Madame la Ministre.
2 réflexions sur « Du cassoulet remplace de justesse le couscous pour la promotion du Bio en France ! »
chaque chasseur conscient doit dans la vie de tous les jours choisir systématiquement ce qui tient a la tradition et a l art de vivre Français…. le combat pour la défense de la chasse est aussi culturel et économique… toujours privilégier les petits producteurs qui produisent en France….
👍🇨🇵