C’est par un temps typiquement picard que m’a été donnée l’occasion, ce mercredi 21 mai, de tester ce qui ne peut plus vraiment être qualifié de révolution, mais reste encore une rareté dans le monde de la chasse au petit gibier : un point rouge, mais pas n’importe lequel les amis, l’Aimpoint Acro S2.
Lancé en 2018 dans la lignée de l’Acro C1, destiné aux armes de poing, l’Acro S1 fut le tout premier point rouge spécialement conçu par Aimpoint pour le tir au fusil de chasse sur petit gibier. 6 ans plus tard, en février 2024, la marque suédoise a dévoilé une seconde version, revisitée et améliorée : l’Acro S2.
J’ai eu l’opportunité de le tester en conditions de battues simulées, dans le cadre enchanteur du Domaine de Sandricourt à l’occasion des 50 d’Aimpoint. Voici le compte rendu de cet essai.
Un point rouge pour tirer les 2 yeux ouverts
Ne pesant que 79 g, l’Acro S2 ne déséquilibre pas l’arme de chasse, d’autant qu’il convient généralement de le placer au centre des canons, bien que cela ne soit pas une obligation. Certains préféreront le positionner plus près, en fonction de leur vision.
D’un faible encombrement (47x37x37 mm), l’adage voudrait que l’on dise qu’il sait se faire oublier. Mais la vérité, c’est qu’au début, on a tendance à se focaliser dessus. Une fois que l’on a compris comment l’utiliser, en revanche, tout devient différent…
Cet Acro S2 est conçu pour tirer impérativement les deux yeux ouverts, ce qui est intéressant car c’est la meilleure façon de procéder à la chasse. Pour ma part, j’ai tendance à utiliser des méthodes de tir « hybrides », aux résultats pas toujours homogènes, forcément… Déjà, je n’ai jamais su « swinguer », ce qui fait que je tire toujours à l’interception ou avec une avance maintenue. Ça fonctionne bien sur certaines trajectoires, moins sur d’autres. Pire encore : sur les tirs « faciles », un canard ou un faisan traversant par exemple, j’ai tendance à « mirer », c’est-à-dire à fermer un œil et viser comme pour le grand gibier : échec quasi assuré !
Lorsqu’on vous met un point rouge sur votre fusil, le premier réflexe est de fermer un œil et de vouloir tirer un faisan, ou un plateau, comme ce fut le cas lors de cette journée test, comme on tirerait un sanglier. Comme je viens de le dire, cela ne fonctionne absolument pas. Utiliser un Acro S2 demande donc de comprendre son fonctionnement… et un peu de pratique.
En effet, il faut absolument tirer les deux yeux ouverts pour éviter ce phénomène de mirage, et utiliser le point rouge comme une aide pour mieux apprécier votre avance, qu’il s’agisse d’un swing ou d’une avance maintenue. Le point rouge de l’Acro S2 est de 9 MOA : autrement dit, il est gros. La vitre, elle, n’est pas très grande, et si vous cherchez à y « enfermer » un plateau… autant dire que c’est mission impossible !
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Pour tirer la quintessence de ce point rouge destiné aux armes lisses, il faut donc tout simplement… l’oublier. Ou du moins, ne pas se focaliser dessus. Paradoxalement, son large point rouge et sa position font qu’il ne peut complètement disparaître de votre champ de vision, et c’est là que ça devient intéressant, très intéressant même. En gardant les deux yeux ouverts, vous conservez un œil sur votre gibier et un autre sur le point rouge, qui vous indique précisément où vous en êtes… et où vous devez lâcher votre coup de fusil. En fait, l’Acro S2 vous oblige à vous appliquer pour maximiser vos chances de réussite. Tout simplement.
Évidemment, cela demande de l’entraînement, Paris ne s’est pas fait en un jour, mais après une ou deux séries de plateaux, on comprend déjà rapidement où l’Acro S2 veut nous emmener. Et les résultats viennent vite, très vite. Bien sûr, certaines trajectoires sont plus dures que d’autres, surtout dans le cadre de ces battues simulées de haut vol, avec des séries de 4 ou 5 plateaux partant toutes les 10 secondes ! Autant dire que les canons, et mon épaule, ont vite chauffé. Il a même fallu se calmer, tant on se laisse griser par le plaisir de casser autant de plateaux en si peu de temps.
Une fois qu’on a compris comment fonctionne ce point rouge, et passé le temps d’adaptation indispensable, l’Acro S2 peut, je dis bien peut, se révéler d’une grande aide à la chasse. Pourquoi « peut » ? Parce que certains tirent très bien en visée ouverte et ne se feront jamais à l’idée de tirer au point rouge sur une perdrix. D’autres, au contraire, dont je fais partie, voient dans l’Acro S2 un véritable moyen d’améliorer leur efficacité à la chasse… et pourquoi pas même au ball-trap. En tout cas, pour ma part, j’ai trouvé que l’Acro S2 m’apportait une réelle efficacité grâce à des tirs réflexes de meilleure qualité, j’ai vraiment hâte de l’utiliser à la chasse cette saison.
Cas particulier à mentionner : celui des droitiers avec un œil directeur gauche (ou l’inverse). L’utilisation de l’Acro S2 permettrait, selon Aimpoint, d’aider ces chasseurs ou tireurs à obtenir de meilleurs résultats. Le combo « garder les deux yeux ouverts + point rouge placé entre les deux » semble efficace et permet à ces chasseurs la encore plus de réussite
Simple… et solide comme un Aimpoint
Convaincu ? Il ne vous reste plus qu’à monter votre point rouge sur votre fusil de chasse.
Pour ce faire, rien de plus simple. L’Acro S2 est livré avec plusieurs rails permettant de s’adapter à la majorité des fusils dotés d’une bande ventilée. Attention, vous ne pourrez pas le monter sur une bande de visée pleine.
Une fois installé à l’endroit que vous souhaitez sur vos canons, il faudra procéder à son réglage. C’est assez simple et ne nécessite pas de tirer de cartouches. Il suffit de viser un point à 30 ou 40 mètres, puis d’aligner le point rouge dessus. À noter que l’Acro S2 se positionne relativement bas, ce qui évite de trop relever la tête lorsqu’on l’utilise. Pour les aficionados qui ne jureraient cependant que par ce viseur, la pose d’un busc amovible peut être une bonne idée, afin d’être toujours bien calé.
Réalisé en aluminium avec une finition anodisée semi-mate, il ne fait aucun doute que la qualité est au rendez-vous. L’Acro S2 reste fidèle aux standards du fabricant et vous ne risquez pas de l’abîmer lors de vos sorties de chasse les plus sportives.
Vendu avec tout le nécessaire, y compris la pile, pour l’adapter à votre arme, l’Acro S2 est prêt à l’emploi. La seule contrainte reste donc d’ordre… financière. En effet, vendu aux alentours de 800 €, ce viseur n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Même si son prix est parfaitement justifié, comme pour beaucoup de produits Aimpoint, mon conseil est de l’essayer avant de l’acheter autant que possible. Si l’essayer, c’est l’adopter pour certains, il serait dommage de s’équiper d’un tel bijou pour le laisser ensuite au placard.