À Lenk, dans l’Oberland bernois (Suisse), un éleveur affirme avoir voulu défendre l’un de ses veaux lorsqu’un lynx s’est approché de son troupeau. Pour éloigner l’animal, il a fait usage d’un pistolet d’alarme et a tiré en direction du ciel. Mais son geste lui a valu des ennuis : la scène s’est déroulée en plein cœur d’une zone protégée, où l’utilisation d’armes, même non létales, est strictement prohibée.
Quelques jours plus tard, deux gardes-faune se sont présentés à son domicile et ont saisi l’arme. L’agriculteur, surpris, affirme qu’il ignorait totalement que ses pâturages se situaient dans un périmètre de tranquillité pour la faune sauvage. Il dit ne pas comprendre pourquoi il doit rendre des comptes aux autorités alors qu’il cherchait seulement, selon lui, à préserver son bétail.
D’après l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), près de 350 lynx vivent aujourd’hui dans les Alpes et le Jura. Chaque année, une cinquantaine d’attaques de ce prédateur sur des animaux de rente sont confirmées et donnent lieu à une indemnisation. L’éleveur bernois, installé depuis seize ans, observe régulièrement le félin dans sa région. Il assure l’avoir vu pour la première fois en 2011 et le juge de moins en moins craintif vis-à-vis des humains : «Il s’habitue à notre présence et n’hésite pas à s’en prendre aux veaux», estime-t-il.
Hostile à l’idée de recourir à des chiens de protection, qu’il considère trop agressifs, l’agriculteur affirme par ailleurs qu’aucune clôture ne peut réellement dissuader un lynx. «On ne peut pas l’écarter avec des barrières», tranche-t-il, partagé entre inquiétude pour ses bêtes et frustration face aux contraintes réglementaires.