Un agriculteur poursuivi en justice pour avoir donné à manger à ses bêtes trop tôt

Un agriculteur de 58 ans a été entendu mardi 14 octobre par le tribunal d’Amiens après la plainte pour « nuisances sonores matinales », une voisine estime en effet que ce dernier travaille trop tôt. Près de trente exploitants agricoles ont manifesté leur solidarité à leur collègue devant l’institution judiciaire. La décision de justice sera annoncée fin novembre.

Mobilisation des agriculteurs pour défendre leur collègue devant le tribunal d’Amiens.

L’audience a débuté dans un climat de tension ce mardi matin au palais de justice comme le rapporte France Bleu. Des membres de la FDSEA sont venus en nombre pour apporter leur soutien à Olivier Berthe, exploitant dans le Vimeu. Une résidente proche de son exploitation l’accuse en effet de nuisances et de tapage survenus en octobre 2024.

Le prévenu justifie le bruit de la période visée par un changement inhabituel d’organisation lié à des contraintes professionnelles urgentes.

Habituellement, il s’occupe de son cheptel à Lignières-en-Vimeu en milieu de matinée pour respecter la tranquillité du quartier. Mais la récolte betteravière l’a exceptionnellement obligé à bouleverser son planning :

« Là, exceptionnellement, on nous a dit que, tel jour, on arrachait les betteraves, et qu’il fallait être présent à telle heure, je suis donc allé nourrir mes bêtes plus tôt. C’est un devoir quand on est éleveur. Je l’ai fait, à ses yeux, trop tôt. C’est un peu pousser loin, d’aller directement à la gendarmerie puis au tribunal pour des choses pareilles. Ils n’ont pas autre chose à faire ?« 

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Une riveraine qui se dit excédée par la situation.

L’auteure de la plainte, arrivée d’Île-de-France il y a deux décennies, affirme de son côté que les nuisances sont répétées.

Elle évoque des moteurs de tracteurs particulièrement bruyants et des échanges vocaux sonores aux premières heures du jour.

Selon elle, l’activité de l’exploitation s’est intensifiée au fil des années :

« Ces bruits de tracteur, de raclage, je n’en pouvais plus. Et il parle fort avec ses garçons. Ils ne se rendent pas compte qu’il y a des gens qui dorment !« 

Le magistrat relève une incohérence : pourquoi une unique plainte alors que les désagréments seraient permanents ? La voisine explique simplement être « la plus courageuse » de l’entourage, les autres habitants préférant garder le silence malgré leur mécontentement.

Maître Florian de Waziers, conseil de l’éleveur, réfute totalement les accusations. Il présente des attestations de riverains satisfaits et souligne que son client a agi avec responsabilité en alimentant son bétail tôt le matin pour éviter des beuglements prolongés ultérieurement.

Le ministère public a conclu en réclamant 68 euros d’amende à l’encontre de l’agriculteur, ce qui provoque l’indignation de la FDSEA.

Le Tribunal d’Amiens rendra son jugement le 25 novembre prochain.

De son côté, la requérante prévoit d’autres démarches comme une procédure visant à faire constater les conséquences de l’activité agricole sur sa santé.

Elle indique également envisager de déménager, ce qui est probablement la meilleure chose à faire pour la paix de tous…