Arrêté préfectoral et refus de dérogation : la Fête de la chasse en Maine-et-Loire pourrait disparaître

C’est un véritable coup de massue pour la Fête de la Chasse qui se tient chaque année à Vernoil-le-Fourrier dans le Maine-et-Loire car son édition 2025 a été amputée de plus de la moitié de son amplitude horaire et des nombreuses activités prévues. En cause, un arrêté préfectoral concernant le risque de feux de forêts et un refus de dérogation qui a forcé les organisateurs à évacuer quasiment tout le monde à la mi-journée, mettant gravement en péril la pérennité de l’évènement.

Une décision de dernière minute qui change tout.

L’édition 2025 de la Fête de la chasse, organisée ce vendredi 15 août sur le domaine du Bois de Parnay à Vernoil-le-Fourrier (Maine-et-Loire), a été particulièrement mouvementée. Malgré les efforts des bénévoles, cette fête, qui rassemble chaque année chasseurs et non-chasseurs dans une ambiance conviviale, pourrait bien être la dernière.

Un arrêté préfectoral concernant un risque élevé de feux de forêts dans le département est tombé deux jours seulement avant l’ouverture de la Fête de la chasse et a poussé les responsables à chercher des solutions. Bien qu’ils se soient démenés, la préfecture n’a pas offert de réelles possibilités aux organisateurs pour mener à bien cette journée qui a du se terminer à 14h tapantes au lieu des 23h prévues.

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Comment un tel évènement réputé dans la France entière a pu être bouclé en milieu de journée?

Nous avons pu joindre par téléphone Stéphane Portier, responsable de l’organisation de l’évènement pour en savoir plus sur le déroulement des choses.

« On ne prépare pas un salon aussi grand en une journée », nous explique donc Stéphane Portier. « Nous savions qu’un arrêté était pris pour les risques élevés d’incendies dans le département, mais ce dernier se terminait le mardi 12 août.« 

L’organisation a donc commencé l’installation et l’aménagement du domaine pour pouvoir accueillir le public. Chaque année, c’est environ 12.000 personnes qui font le déplacement pour assister à cette journée.

Mais le mercredi 13 août en début de journée, tout bascule. La préfecture reprend un arrêté pour les incendies, ce qui remet en cause la tenue de l’évènement qui doit moins de 48 heures après.

Stéphane Portier fait alors tout son possible pour obtenir une dérogation auprès de la Sous-Préfecture et de la Préfecture mais ses demandes restent sans réponses alors que le temps presse.

N’ayant pas de solutions, il sollicite alors Willy Schraen pour tenter de débloquer la situation.

En attendant, il faut bien prendre une décision : « J’avais des équipages de chiens, des chevaux et des exposants sur les routes, qui venaient parfois de très loin, qui m’appelaient pour savoir s’ils venaient ou pas. Je ne pouvais pas les laisser attendre éternellement sur les aires d’autoroute. »

Peu de temps après, il est alors contacté par les élus du département et les hauts fonctionnaires qui viennent sur place accompagnés du colonel de gendarmerie et des pompiers le jeudi.

Une visite d’inspection sans suite.

Pendant près de 2 heures, ils font le tour de l’installation et observent les précautions prises par l’organisation en vue d’une dérogation : des tracteurs équipés de tonnes à eau qui peuvent pulvériser les lieux en prévention sont sur place et un camion équipé d’une citerne de 30.000 litres équipée de branchements directs pour les pompiers en cas de besoin est également prévue.

La délégation quitte les lieux aux alentours de 16h et alors que la fin de journée approche, aucune décision n’est encore prise.

« Durant la visite, le secrétaire général et les autres membres de la délégation nous ont laissé entendre qu’il y aurait des durcissements à prévoir mais dans mon esprit, il s’agissait d’ajouter plus de points d’eau ou plus de sécurité sur place », affirme Stéphane Portier.

Toujours sans retour malgré la visite, il décide de recontacter la Préfecture qui lui indique qu’il n’y aurait finalement pas de dérogation mais qu’un effort peut être consenti pour que la Fête de la chasse s’arrête à 14h au lieu de midi.

La décision de l’administration est alors un coup de massue pour l’organisation, qui reçoit un e-mail dans la foulée indiquant que la Fête de la chasse doit se terminer à midi, aucune mention des 14 heures prévues verbalement…

Stéphane Portier contacte une énième fois la mairie et le secrétaire général de la Préfecture pour obtenir tout de même son droit de terminer la journée à 14h mais aussi de permettre aux équipages d’attendre la fin de journée pour quitter les lieux. Impossible pour lui d’imaginer remettre sur la route les chiens et les chevaux en période de canicule, il fallait au moins que les températures baissent.

C’est le cœur gros et avec un profond malaise que les organisateurs ont donc été contraints de mettre fin à la Fête de la Chasse à la mi-journée puisque tout le monde devait être évacué à 14h.

Un crève-cœur pour les bénévoles.

C’est un Stéphane Portier profondément ému qui nous raconte ensuite le déroulement de cette journée qui s’est transformée en une simple matinée de fête.

On sait tous que l’ambiance entre chasseurs est souvent conviviale, et elle l’a été, mais les moments passés sur place ont également été marqués par des témoignages de solidarité et de gratitude envers les organisateurs.

« Après avoir dit à tout le monde de venir, j’étais super mal à l’aise car on ne savait pas que l’on serait obligés d’arrêter tout en milieu de journée. Mais vous n’imaginez pas à quel point j’ai été touché de la bienveillance des gens sur place » nous détaille l’organisateur que l’on a senti extrêmement touché.

« C’était un moment très court certes, mais terriblement intense. Les gens nous serraient la main, souvent à deux mains, en nous exprimant tout leur soutien. Même des gamins venaient nous voir pour nous dire de ne pas lâcher. On a vraiment senti la solidarité des gens, qu’ils soient du public ou exposants. Dans la matinée, certains ont chanté la Marseillaise et l’ambiance était vraiment incroyable.

Les gens sont tous repartis dans les horaires fixés, dans le calme et tout s’est bien passé. L’ambiance était tellement tranquille et bienveillante que nous avons dû indiquer nous même à la Croix Rouge de repartir pour ne pas être en dehors des clous. Les gendarmes sont venus nous voir pour nous signaler leur surprise que tout se soit déroulé aussi bien malgré le contexte.

C’est tout de même rageant de savoir que la population calme, qui fait tout dans les règles ne peut pas obtenir une simple dérogation alors qu’on a tout mis en place par nos propres moyens mais que lors d’une Rave Party, on ne les déloge pas, on leur offre la Croix Rouge et on sait déplacer les pompiers au besoin… ».

La Fête de la chasse menacée de disparaître.

La Fête de la chasse en Maine-et-Loire, c’est 25 hectares aménagés pour près de 70 exposants et des animations : 60 équipages de Grande Vènerie, de Petite Vènerie et de Vènerie sous-terre, des démonstrations de chiens de chasse, de chevaux, de fauconnerie et bien d’autres encore.

Un tel évènement représente un investissement financier important réalisé par l’association et une mobilisation totale des 140 bénévoles.

N’ayant pas pu faire une édition complète, le temps a manqué pour que l’évènement soit une réussite. Cela met aussi en danger le fonctionnement de l’association qui milite toute l’année en faveur de la chasse, qui entretient le chenil de son équipage et qui met aussi en avant les autres équipages à travers cette Fête de la chasse.

L’échec de cette année lié à l’arrêté préfectoral et à l’absence de dérogation rend donc incertain l’avenir de la Fête de la Chasse mais met aussi en difficulté bon nombre de chasseurs rattachés à cet évènement de différentes manières.

L’association a donc décidé de créer une cagnotte en ligne afin de récolter des dons pour tenter de dégager un budget qui pourrait peut-être permettre de mettre en place une édition 2026 de l’un des plus grands évènements de la chasse en France.

Si vous souhaitez soutenir cette association de chasseurs et faire en sorte que cette Fête de la Chasse puisse perdurer dans le temps, vous pouvez le faire en cliquant sur ce lien :

https://www.leetchi.com/fr/c/appel-au-don-fete-de-la-chasse-et-de-la-nature-1391074

Ces dons sont défiscalisables à 66% comme l’indique l’association et dans ce genre de situations, il n’y a pas de petits gestes. Le moindre euros peut permettre de continuer une belle aventure.