Contrat État-ONF : le cerf et le chevreuil bientôt classé nuisible?

La question de l’impact des cervidés sur les forêts de France est régulièrement mise sur la table par les services de l’Office National des Forêts. Il est de notoriété publique que des frictions surviennent parfois entre l’ONF et les chasseurs car cette dernière impose parfois des quotas de prélèvements jugés abusifs par les chasseurs. Dans un rapport récemment mis en ligne, on apprend même que l’ONF préconise de classer parmi les espèces ESOD le cerf et le chevreuil.

Un rapport sur les besoins de l’ONF pour les prochaines années.

C’est donc un rapport récemment rendu public sur le web qui a attiré notre attention pour savoir ce que l’ONF prévoit pour les années à venir. Dans son rapport sur le contrat État-ONF 2026/2030, l’organisme soulève plusieurs enjeux importants pour lui permettre de faire son travail et continuer d’exploiter les forêts Françaises correctement.

Si l’ONF considère que les objectifs du contrat précédent sont atteints, elle pose tout de même 6 recommandations sur la table pour les années à venir :

• Mieux communiquer sur la gestion forestière auprès du public ,
• Priorité absolue : « choc de régulation des ongulés » pour rétablir l’équilibre forêt-gibier,
• Rénover les outils de planification et de gestion face au changement climatique,
• Optimiser la commercialisation des bois,
• Renforcer les ressources humaines et la formation,
• Augmenter les financements des missions d’intérêt général.

L’ONF très ferme concernant les cervidés.

Forcément, la mesure qui attire le plus notre curiosité est celle qui concerne le « choc de régulation des ongulés » qui vise plus particulièrement les cervidés.

L’ONF fait le constat de départ suivant : 50% des forêts domaniales sont en déséquilibre forêt-ongulés (contre 38% en 2019) et les prélèvements ont été multipliés par 13 pour les cerfs et par 10 pour les chevreuils entre 1974 et 2023.

Partant de ces chiffres, il est indéniable que dans certaines zones, les populations de cervidés se sont grandement développées, ce qui empêche la régénération naturelle des forêts et nécessite des protections coûteuses (21% à 50% du coût des plantations selon le rapport).

Plusieurs actions sont donc préconisées par l’ONF :

S’inspirer des mesures mises en place en 2019 contre les sangliers lors de l’alerte sur la peste porcine africaine :

• Battues administratives renforcées,
• Tirs de nuit encadrés avec caméras thermiques,
• Équipes de lieutenants de louveterie avec chasseurs d’autres régions,
• Attirer les animaux dans des enclos pour abattage.

Des mesures concernant plus particulièrement les chasseurs sont également prévues avec notamment des compensations financières :

• Augmenter les planchers et plafonds de bracelets,
• Prélèvements ciblés sur les groupes matriarcaux (biches et faons),
• Classement temporaire en ESOD (espèces susceptibles d’occasionner des dégâts),
• Obligations de résultats pour les détenteurs de plans de chasse,
• Contrôle strict de l’interdiction d’agrainage,
• Indemnisation temporaire des chasseurs (baisse du prix des baux, compensation pour la réduction du gibier),
• Accélération de l’accord national FNC-ONF de 2024.

Difficile également pour l’ONF de mener sereinement cette campagne de régulation drastique des ongulés sans une communication importante auprès du grand public.

Elle demande donc la création d’un observatoire national de l’équilibre forêt-ongulés, l’instauration de protocoles incluant les nouvelles technologies pour dénombrer les animaux (IA, drones, caméras thermiques) ainsi qu’une campagne de communication grand public pour le sensibiliser sur la gravité de la situation.

Dans ce rapport, l’ONF adopte une posture très ferme vis à vis de ce déséquilibre forêt-ongulés et souligne à plusieurs reprises que sans une action efficace et rapide, la gestion durable des forêts pourrait être remise en question.