C’est un visiteur aussi discret que surprenant qui s’est installé, ces dernières semaines, dans le cœur du village de Saint-Martin-sous-Vigouroux. Un chamois, habituellement cantonné aux cimes escarpées des monts cantaliens, semble avoir élu domicile au sein de cette paisible commune de la vallée de la Truyère. Un fait rare qui intrigue autant qu’il attendrit les habitants.
Tout a commencé il y a un peu plus d’un mois. Certains riverains ont d’abord cru rêver en apercevant, à l’aube ou à la tombée du jour, une silhouette élancée et agile déambuler entre les maisons et les jardins. Mais les témoignages se sont multipliés, et le doute n’était plus permis : un chamois, vraisemblablement isolé de son groupe, a bel et bien trouvé refuge dans le bourg.
« On le voit souvent au petit matin, près de l’église ou dans le vieux lavoir. Il n’est pas farouche, mais reste prudent », raconte Jean-Michel, un habitant du centre-bourg. « Il connaît presque mieux les rues que nous ! »
Les raisons de cette migration inhabituelle restent floues. Certains évoquent un dérèglement de son environnement naturel : fonte précoce des neiges, dérangement lié aux activités humaines ou présence accrue de prédateurs naturels. D’autres avancent une hypothèse plus comportementale : un jeune individu curieux ou blessé, qui aurait volontairement quitté son troupeau à la recherche d’un lieu plus calme. La question d’un chamois apprivoisé puis relâché est également posé.
Les autorités locales, informées de la situation, se veulent rassurantes. « Il ne présente pas de danger pour la population, et nous avons décidé de ne pas intervenir tant qu’il n’y a pas de menace pour lui ou pour les habitants », indique le maire de la commune. « Nous surveillons néanmoins son comportement en lien avec les services de l’Office français de la biodiversité. »
Le chamois, baptisé « Martin » par les écoliers du village, s’est vite mué en mascotte. Des dessins d’enfants tapissent les murs de l’école, et les promeneurs croisent régulièrement son regard fuyant mais serein. Un équilibre fragile s’est instauré : les habitants veillent à ne pas trop s’approcher, respectant l’espace de ce pensionnaire sauvage.
Mais jusqu’à quand cette cohabitation pourra-t-elle durer ? « L’idéal serait qu’il regagne de lui-même les hauteurs », confie un agent de l’OFB. « Le village n’est pas son habitat naturel, et l’homme ne doit pas devenir un substitut. »
En attendant, Saint-Martin-sous-Vigouroux vit au rythme de son hôte inhabituel, entre fascination, prudence et émerveillement, sauf pour les plantations que l’éterle dévore férocement !
Dans ce village du Cantal, le chamois trouve souvent refuge sur la terrasse de cet habitant. 🎥Dominique Bélard. @F3Auvergne pic.twitter.com/02WXMkB0I1
— Catherine Lopes (@lacatch) May 21, 2025