La photographie est un domaine qui s’est largement développé et est devenu beaucoup plus accessible au plus grand nombre. La technologie permet aujourd’hui à des personnes ayant peu de connaissances de réaliser des clichés dignes des professionnels mais cela n’est pas sans conséquences, notamment pour la nature.
Quand le photographe animalier amateur devient une nouvelle problématique pour la biodiversité.
Cette situation peut paraître contre-intuitive au possible et pourtant, le photographe animalier peut aujourd’hui être à l’origine de nuisances pour la faune et la flore si l’activité n’est pas pratiquée dans les règles.
Tout d’abord, il y a le comportement adopté par les photographes de façon spontanée.
Les avancées de la technologie, l’accessibilité du matériel et les ressources disponibles sur internet font que beaucoup de personnes s’improvisent rapidement photographes animaliers.
Si de base, cette activité était plutôt réservée à un cercle restreint de professionnels conscients de tous les aspects de leur métier, les nouveaux passionnés sont souvent bien moins informés et consciencieux une fois sur le terrain.
Le photographe animalier professionnel s’engage dans une traque du cliché d’un animal, qu’il parvient à obtenir souvent après une longue recherche, une immersion totale en pleine nature et sans laisser aucune trace.
Les photographes animaliers amateurs sont quant à eux parfois moins au fait des bonnes pratiques et se rendent en pleine nature sans avoir conscience des conséquences de leur passage.
Certains ne se rendent pas compte que leur simple présence peut déranger la faune environnante ou pire, laissent parfois des déchets derrière eux.
Ces nouveaux arrivants veulent tous prendre le cliché qui leur permettra de se mettre en avant lors d’un salon ou d’un concours photo et cette quête de la gloire peut parfois engendrer des comportements décriés par les véritables professionnels de la photo animalière.
L’OFB contrainte de verbaliser des photographes pour assurer la tranquillité de certaines espèces.
Les photographes en herbe veulent parfois ajouter certaines espèces à leur « tableau de chasse » mais le sentiment d’être dans une démarche purement en adéquation avec leur passion de la nature leur fait oublier que les animaux ont besoin de tranquillité.
Dans le Doubs, des agents de l’Office Français de la Biodiversité ont dû récemment verbaliser des photographes peu respectueux de leurs modèles. Si la photographie animalière est loin de poser problème, c’est surtout le comportement trop intrusifs de quelques-uns pour se rendre au plus près des individus recherchés qui est pointé du doigt par les agents de l’État. Pour prendre par exemple des clichés du grand tétras, une espèce en grande difficulté en France qui bénéficie actuellement d’un grand plan de sauvegarde, certains n’hésitent pas à s’installer au cœur même de zones protégées, sans prendre suffisamment de précautions pour ne pas déranger les lieux ni la faune environnante.
C’est aussi le cas du guêpier d’Europe, dont une colonie est visible sur la commune d’Osselle-Routelle et dont les photographes animaliers amateurs n’hésitent pas à s’approcher pour obtenir leurs plus beaux clichés, quitte à déranger l’oiseau comme le rapporte l’Est Républicain.
En effet, il existe des périodes ou les animaux ont besoin de tranquillité et il convient donc d’éviter de rester trop longtemps à proximité ni d’approcher trop près de leurs milieux de vie pour les déranger.
Même les associations de protection animale ont conscience du problème.
Si les professionnels du secteur sont capables de comprendre rapidement lorsqu’un animal sonne l’alarme ou adopte un comportement qui démontre qu’il se sent en danger, ce n’est pas le cas de tout le monde.
Il est même arrivé parfois que des associations interviennent auprès d’amateurs n’ayant pas conscience de la nuisance qu’ils occasionnent alors qu’ils étaient littéralement collés aux terriers de marmottes dans l’espoir de faire un cliché qui fera sensation sur les réseaux sociaux. Ce comportement met en péril la survie de la marmotte qui sort moins du terrier et ne peut donc pas s’alimenter correctement avant l’hiver.
Comme dans toute activité qui implique des sorties en pleine nature, il faut que tout le monde ait conscience des conséquences de la présence humaine sur la faune et la flore.
Pour les professionnels et les passionnés de la première heure, il est primordial que la photographie animalière reste une pratique éthique, qui vise à s’intéresser réellement à l’animal et à son mode de vie plutôt qu’à une quête de gloire pour une photographie postée sur internet.