Dans la vaste forêt des lettres françaises, rares sont les écrivains qui ont su, comme Paul Vialar, faire de la chasse non seulement un décor, mais un véritable art de vivre littéraire. Né en 1898 et disparu en 1996, cet auteur prolifique – plus de 80 ouvrages à son actif – reste une figure incontournable pour tous ceux qui considèrent la chasse comme un patrimoine culturel autant qu’une passion.
Un écrivain enraciné dans la nature
Issu d’une famille bourgeoise et militaire, Paul Vialar découvre très tôt les plaisirs de la nature et de la chasse. Loin des salons parisiens et des modes littéraires de l’après-guerre, il choisit d’ancrer une grande partie de son œuvre dans les plaines, les forêts et les territoires giboyeux. À travers ses romans, récits et nouvelles, il célèbre le rapport sensible entre l’homme et le sauvage, la beauté d’un monde où le chasseur n’est pas un tueur, mais un témoin et un acteur d’un équilibre ancestral.
Le chantre de la chasse française
Paul Vialar n’est pas un auteur de chasse parmi d’autres : il en est l’un des plus fervents ambassadeurs. Son ouvrage phare, La Grande Meute (1943), est considéré par beaucoup comme une fresque monumentale de la vénerie française. Ce roman épique, profondément documenté, suit les aventures d’une grande société de chasse à courre dans un monde rural en mutation. Vialar y mêle drames humains, tensions sociales, et descriptions somptueuses des forêts et des animaux poursuivis. Il y a dans ses pages une rare intensité, une fidélité au réel et une poésie du geste cynégétique que peu d’écrivains ont su égaler. Ce roman fût même adapté en film.
Un regard lucide sur le monde rural
Loin de l’image d’un aristocrate déconnecté, Paul Vialar observe avec acuité les bouleversements du XXe siècle. La modernisation des campagnes, la fin d’un certain ordre social, la montée d’un rapport utilitariste à la nature : tout cela traverse ses romans. Mais il y oppose une vision humaniste, où la chasse reste l’un des derniers liens tangibles entre l’homme et la nature. Il écrit sans nostalgie mais avec respect, convaincu que la chasse est un héritage à préserver, à condition qu’elle reste éthique et respectueuse du vivant.
Un auteur oublié ?
Aujourd’hui, alors que les débats autour de la chasse suscitent passions et polémiques, Paul Vialar semble injustement tombé dans l’oubli. Pourtant, relire ses romans, c’est redécouvrir un pan entier de la culture française rurale. C’est aussi retrouver un style limpide, une écriture précise, souvent poétique, et un amour sincère de la nature. Son œuvre mérite sans doute d’être réhabilitée, notamment dans les cercles cynégétiques, comme un témoignage littéraire précieux d’un monde en voie de disparition.
Paul Vialar en quelques titres essentiels :
- La Grande Meute (1943) – Roman de référence sur la vénerie.
- La Rose de la Mer (Prix Femina 1939) – Plus romanesque, mais toujours ancré dans la nature.
- L’Homme de chasse – Un hommage direct à l’univers cynégétique.
- La Chasse aux hommes – Où le thème de la traque prend une dimension allégorique.