L’automne est une saison généreuse qui offre aux amateurs de cueillette et de ramassage l’opportunité de partir à la recherche de nombreux trésors naturels. Parmi eux, on retrouve les éternels passionnés de champignons mais aussi de la châtaigne.
Le fruit du châtaignier, cultivé au moins depuis le Moyen-Âge, fait peu à peu son grand retour dans les assiettes des Français après avoir été un peu boudé. Nombreux sont donc ceux qui courent de nos jours dans les sous-bois dès les premiers jours de septembre pour tenter de trouver la précieuse châtaigne.
La châtaigne, un fruit emblématique du terroir français.
La châtaigne représente bien plus qu’un simple fruit d’automne. Pendant des siècles, elle a constitué une ressource alimentaire essentielle pour les populations rurales, au point d’être surnommée « le pain des pauvres ».
Riche en glucides complexes, en fibres et en minéraux, elle offre des qualités nutritionnelles exceptionnelles qui en font un aliment complet, particulièrement apprécié durant les mois les plus froids de l’année.
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Aujourd’hui encore, la châtaigne reste profondément ancrée dans le patrimoine gastronomique de nombreuses régions françaises, où elle se décline sous diverses formes : grillée au feu de bois, confite et/ou glacée, transformée en crème de marrons, ou encore utilisée dans la confection de soupes, de farces et de divers desserts traditionnels.
Châtaigne ou marron : il est primordial de ne pas se tromper!
Avant de partir, il est primordial de savoir distinguer les châtaignes comestibles des marrons d’Inde, qui sont toxiques pour l’homme. Il faut impérativement savoir dissocier les deux car, si on parle vulgairement de « crème de marrons », ou de marrons glacés », l’ingrédient de base reste la châtaigne. Cette confusion peut avoir des conséquences sur la santé, car l’ingestion de marrons d’Inde provoque des troubles digestifs importants.
La châtaigne provient quant à elle du châtaignier (Castanea sativa). Il s’agit d’un arbre de la famille des Fagacées pouvant atteindre 25 à 30 mètres de hauteur. Sa bogue (l’enveloppe épineuse qui protège la châtaigne) est recouverte d’une multitude de piquants fins et serrés. À l’intérieur, on trouve généralement deux à trois châtaignes de forme aplatie.
Le marron d’Inde, quant à lui, pousse sur le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum), un arbre à destination ornementale fréquemment planté en France pour son esthétique.
Sa bogue présente des épines beaucoup plus espacées, plus grosses et moins nombreuses. Le fruit qu’elle contient est généralement unique, de forme ronde et luisante.
Un autre indicateur fiable réside dans l’observation de la base du fruit : la châtaigne possède une base plate et velue, souvent marquée d’une petite touffe de poils, tandis que le marron d’Inde présente une cicatrice circulaire blanche bien visible.
La saison idéale pour trouver les châtaignes.
La saison des châtaignes s’étend principalement de septembre à novembre, avec des variations selon les régions, l’altitude et bien évidemment, les conditions climatiques, ce qui prend toujours plus d’importance chaque année.
Dans certaines zones du sud de la France, comme le Cantal ou l’Ardèche méridionale, les premières châtaignes peuvent être assez précoces et tomber dès la fin du mois d’août, lorsque l’été a été particulièrement chaud et sec.
Le gros de la saison se situe généralement entre la mi-octobre et le début du mois de novembre, période durant laquelle les châtaigniers libèrent leurs fruits. Il est tout de même recommandé de ne pas attendre les dernières semaines de novembre, car les meilleures châtaignes auront assurément déjà été ramassées par les autres amateurs de châtaignes.
Pas besoin de grimper aux arbres car les châtaignes mûres tombent naturellement au sol lorsqu’elles sont au mieux.
Si vous connaissez l’endroit précis où se trouve un châtaignier, observez-le : quand ses feuilles commencent à jaunir et à tomber en abondance, c’est généralement le signe que les fruits ont atteint leur maturité.
Une châtaigne mûre se reconnaît facilement à sa coque brillante, ferme au toucher, et à sa bogue qui s’entrouvre d’elle-même pour laisser apparaître le fruit.
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Évitez de secouer les arbres ou de faire tomber les bogues encore fermées : vous n’aurez que des fruits immatures, fades et difficiles à éplucher. La patience est assurément la meilleure alliée du ramasseur de châtaignes.
Les meilleurs endroits pour la châtaigne en France.
La France bénéficie d’un patrimoine castanéicole remarquable, avec plusieurs régions réputées pour la qualité de leur production. L’Ardèche arrive largement en tête, produisant à elle seule plus de la moitié des châtaignes françaises. Ce département possède même son AOP (Appellation d’Origine Protégée) pour la « Châtaigne d’Ardèche » une AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) obtenue en 2006, qui garantit des fruits de qualité supérieure.
Le Limousin, avec ses châtaigneraies centenaires, perpétue également une longue tradition castanéicole.
La Corse, où le châtaignier est considéré comme « l’arbre à pain », offre des variétés endémiques savoureuses.
Les Cévennes, qui s’étendent sur la Lozère, l’Hérault et le Gard, abritent d’impressionnantes forêts de châtaigniers dans leurs vallées escarpées.
Les Pyrénées, le Var, le Lot, la Dordogne et les Alpes-de-Haute-Provence comptent également de belles châtaigneraies où il est possible de s’adonner ramassage de châtaignes.
Concrètement, recherchez les forêts de feuillus, les anciens vergers abandonnés et les lisières de bois.
On ne part pas chercher des châtaignes sans préparation et sans autorisation!
Avant de partir chercher des châtaignes, renseignez-vous évidemment sur la réglementation locale. De nombreuses communes ont adopté des arrêtés limitant ou interdisant le ramassage des châtaignes sur leur territoire, notamment pour protéger l’activité économique des producteurs locaux.
La majorité des châtaigneraies se trouvent sur des propriétés privées, et y pénétrer sans autorisation pour récolter des fruits constitue bien évidemment un vol, passible de sanctions civiles et pénales.
Quand vous repérez un endroit propice et intéressant, contactez avant tout le propriétaire pour lui demander son accord. D’ailleurs, un petit cadeau aux propriétaires conciliants ne peut que faciliter les relations et vous garantira un accès sur la durée aux lieux que vous affectionnez.
Prélevez uniquement ce dont vous avez besoin et laissez une partie des fruits sur place pour la faune sauvage. En effet, plusieurs animaux dépendent en partie de cette ressource pour constituer ses réserves hivernales.
Conservation et dégustation
Une fois récoltées, les châtaignes fraîches se conservent quelques semaines dans un endroit frais et sec. Vous pouvez également les congeler après les avoir épluchées, ou les faire sécher pour une conservation de plusieurs mois.
Grillées à la poêle, cuites au four, bouillies ou incorporées dans vos recettes préférées, elles raviront vos papilles tout au long de l’hiver.
Vous voilà fin prêt pour partir en quête de la châtaigne! En respectant les bases de la sécurité, la réglementation en vigueur et les bonnes pratiques de ramassage, vous pourrez profiter pleinement de cette généreuse ressource automnale. Alors, préparez votre panier et vos gants, et partez à la découverte des sous-bois pour trouver ce précieux fruit de nos terroirs français.