La chasse est sujette à de nombreux débats et l’un des plus réguliers actuellement est la question de la régulation des sangliers. Les chasseurs sont désormais missionnés pour atteindre des quotas de prélèvements d’un côté tandis que des anti-chasse causent de nombreux problèmes pour chasser tranquillement sur de nombreux territoires. Dans la pratique aussi des questions se posent, notamment celle de l’éthique à la chasse. Les autorités aimeraient que les chasseurs oublient cette éthique quand elle concerne le sanglier, sans parler des agriculteurs qui défendent assez logiquement leurs activités. Pour autant, faut-il tirer les laies suitées et meneuses pour atteindre ces objectifs?
L’efficacité sans concessions : il faut tirer les laies suitées et meneuses!
Au-delà du débat sur le tir des marcassins, les débats autour du tir des laies suitées et des laies meneuses sont vifs et acerbes. Rien que dans les commentaires sur Chasse Passion, il est difficile de poster un article sur le sanglier sans que certains ne viennent affirmer que les chasseurs sont devenus des « marchands de chasse » qui ne tirent pas sur tout ce qui bouge et sont donc inefficaces.
C’est en toute logique la position adoptée par la majorité des agriculteurs qui n’en peuvent plus des dégâts causés sur leurs parcelles. Il est d’ailleurs impossible d’en vouloir aux exploitants d’adopter cette vision des choses puisqu’ils défendent leur travail et c’est tout à fait compréhensible.
D’autres encore, comme du côté de l’ONF, des louvetiers ou encore des scientifiques qui se penchent sur la question pour les autorités règlent le problème d’un trait de crayon avec ce constat basique : tirer les laies meneuses et suitées fera baisser plus fortement les populations de sangliers.

Les chercheurs comme Eric Baubet (spécialiste du sanglier) récemment intervenu sur La France Agricole sont clairs : « Sur la base de quelques modélisations, si l’effort de prélèvements cible certaines catégories d’individus qui sont au cœur du fonctionnement dynamique des populations, il est possible d’infléchir les choses en stabilisant voire diminuer les effectifs. »
Tous ces acteurs sont donc totalement pour un prélèvement sans distinction de ces laies lors des actions de chasse. Il est d’ailleurs formellement interdit d’indiquer une sélection d’individus à tirer dans les consignes de chasse avant les battues.
Les chasseurs ne sont pas des fonctionnaires de la mort.
Si les chasseurs sont aujourd’hui une corporation importante qui agit sur l’équilibre agro-sylvo-cynégétique, il ne faut pas oublier que ces derniers fonctionnent de manière totalement autonome.
L’activité est certes réglementée et des consignes peuvent être données mais il est impossible d’obliger les chasseurs à pratiquer tel ou tel acte s’ils ne sont pas d’accord.
C’est le cas du tir des laies suitées et meneuses.

L’éthique de la chasse a toujours été une composante importante de notre activité. Les chasseurs peuvent tirer sur un lapin à l’arrêt à 10 mètres mais aucun ne le fait. On cherche toujours à ce que le gibier soit en mouvement lorsqu’on chasse à la billebaude pour lui offrir une porte de sortie en cas de défaillance du tireur.
De même qu’on ne tire pas un faisan « à pattes », de même qu’on respecte le gibier tué en lui rendant les honneurs, de même qu’on fait bénir nos chiens lors de la messe de Saint-Hubert et tant d’autres règles qui n’apparaissent nulle part mais qui pourtant font tout le sel de notre passion.
Et dans ces règles implicites, on ne tire pas les laies suitées ni les laies meneuses. Ce n’est pas une consigne, ce qui est d’ailleurs interdit comme dit précédemment, c’est une ligne de conduite adoptée par les chasseurs.
Dans le même article de la France Agricole, on retrouve une intervention d’un écologue, Raphaël Mathevet, qui a bien compris la situation :
« Chasser implique de laisser une chance au gibier et de faire le choix de tuer selon des critères qui peuvent être moraux ou esthétiques. Réguler implique un ordre de détruire. Le chasseur devient un « agent de destruction » qui ne sélectionne plus l’animal, peu importe son âge, son sexe, sa taille. »

Quoi qu’il arrive, les chasseurs ont un code et vont le respecter.
Comme l’a dit Jean Berton dans son ouvrage, les chasseurs refusent de devenir de simples « fonctionnaires de la mort ».
La régulation peut se faire si on laisse les chasseurs chasser.
D’un autre côté, les chasseurs savent qu’ils peuvent faire baisser drastiquement les populations de sangliers si on leur permettait de le faire plus simplement.
Déjà, en appliquant réellement les principes de délits d’entrave à la chasse car de plus en plus souvent, les chasseurs ne peuvent pas mener les battues comme ils le souhaitent à cause de groupuscules anti-chasse qui sabotent les actions menées. Combien de miradors ont encore été dégradés cette année sans que personne ne bouge?
De même, comme le rappellent régulièrement les chasseurs et Willy Schraen en tête, environ 30% du territoire Français n’est pas chassé.
Il est mis en réserve par des écologistes, des zones de protection, des célébrités anti-chasse ou sont juste inaccessibles car trop proches de zones urbaines ou fréquentées.

Enfin, l’État affirme toujours prendre soin des chasseurs quand il a besoin d’eux mais rien n’est fait pour rendre l’activité plus attractive. Les effectifs de chasseurs partent à la baisse et on peut le comprendre face à une législation toujours plus complexe qui donne clairement l’impression d’avoir plus d’obligations que de libertés vu de l’extérieur.
Les Fédérations sont donc les seules à se battre pour attirer de nouveaux pratiquants tout en jonglant avec des budgets de plus en plus mis en difficulté par les indemnisations qu’il faut verser pour les dégâts causés par le grand gibier.
Toutes ces raisons ralentissent forcément les chasseurs sur le terrain et si ces derniers étaient un tout petit peu soutenus, ils pourraient faire bien plus sans forcément tirer les laies meneuses et suitées.
Tirer ou non les laies meneuses et suitées est un débat complexe que beaucoup verront à travers le prisme de leur propre expérience et de leurs activités respectives. Cet état des lieux n’est pas exhaustif mais permettra, je l’espère, aux néophytes de mieux comprendre pourquoi cette question est une véritable patate chaude à l’heure actuelle.
Et vous qu’en pensez vous?














